Masterclass en  Gwoka Modèn au lycée Carnot  ( Mardi 3 Mai 2022)

 

 

C’est un immense honneur que les élèves de la S2TMD du lycée Carnot ont eu de recevoir 2 pointures du Gwoka, pour une masterclass exceptionnelle. Christian Laviso et Sonny Troupé ont accepté de s’unir pour transmettre ce pan de culture. L’objectif était entre autre de continuer l’œuvre du Maître virtuose Gérard Lockel (aujourd’hui en appui sur son œuvre « Dépi nou té tou péti ») et faire connaitre aux générations futures le Gwoka Modèn.

Leur professeur agrégée en musique Christine Chalcol  sollicite régulièrement les artistes locaux  afin de proposer un échange privilégié avec ses élèves. Elle souhaite que ces derniers s’enrichissent des racines de base de leur musique. Les artistes invités et participant activement à cette transmission sont souvent fiers et heureux de voir que cette musque rentre à l’école. Elle se confie :

«  M. Laviso, l’un des pionniers de notre musique traditionnelle évolutive, est un garant  et défenseur de notre musique traditionnelle. Il est ancré dans notre Gwoka. Pour le travail en amont avec les élèves, on a travaillé, sous la directive de M. Laviso, le free jazz, genre musical qui nait au début des années 60, dont le concept est de pouvoir rejeter tout ce que la musique occidentale a pu nous offrir. C’est-à-dire l’harmonie, le sens du tempo avec une espèce d’esthétique du beau que le free jazz va totalement renverser et exclure tous ces codes, pour que les noirs américains puissent créer leur propre musique, révolutionnaire et revendicatrice des droits. Dans les années 60, ce soulèvement de la diaspora noire va se faire un peu partout dans le monde face à l’injustice et à la domination des occidentaux. On a pour exemple Miriam Makeba pour lutter contre l’apartheid, pour le panafricanisme, et imposer son identité culturelle au sein de sa musique dans un phénomène de mondialisation. Justement les années 60, ce n’est pas que les USA, pas que l’Afrique du Sud, mais aussi en Guadeloupe. Le Gwoka Modèn nait en 1969 et est propulsé par Gérard Lockel. Nous avons travaillé sur l’évolution du Gwoka traditionnel en Gwoka Modèn, qui est un gwoka évolutif, qui crée son propre langage, guadeloupéen, avec l’absence d’harmonie, beaucoup d’improvisations, et le tout avec la base de notre musique, la présence des 7 rythmes en permanence.

C’est une masterclass exceptionnelle. On n’a pas l’habitude de voir M. Laviso intervenir dans les écoles pour expliquer ce genre de musique complexe. Cela ne peut se faire qu’avec des élèves qui sont déjà musiciens. Il a été généreux, car sans s’auto-censurer, il nous a expliqué la gamme et comment elle fonctionnait. Cela a donné une base aux élèves pour évoluer dans leur discours musical. Sonny Troupé a rajouté comment fonctionne l’association des percussions. Il explique que la batterie ne doit pas jouer en même temps que le boula, mais plutôt sur les cymbales. Et encore plein d’autres notions qui sans ces menteurs, nécessiteraient beaucoup plus de temps à les étudier et à les comprendre. Grace à eux, tout devient logique plus rapidement. »

 

Sonny Troupé : « Je suis toujours très content d’intervenir au lycée Carnot. De part mes voyages,  mon métier, et mes expériences en Guadeloupe et à l’étranger, je prends conscience de la richesse de notre culture, lorsque l’on la partage avec les autres. C’est important de faire partager cela aux élèves pour qu’ils comprennent et voient la valeur de leur propre culture, pour la connaitre mieux et la confronter à ce qu’ils vont trouver ailleurs. Cela participe aussi à les rendre fiers de ce qu’ils sont. Spécifiquement sur le Gwoka Modèn, c’est une musique de plus en plus écoutée et étudiée partout, donc c’est bien qu’ils aient la possibilité de voir tout ce qu’ils pourraient faire avec et saisir toute la richesse de cette musique. C’est une grande joie et une grande fierté de participer à moments comme ceux-là. »

 

 

Reportage de Guadeloupe 1ère ici :

 

Encore un immense merci à ces artistes qui participent à la transmission de ce Patrimoine et de cette Culture, et bravo à ces jeunes qui font perdurer et rayonner cette richesse.

 

 

Article et photos Caroline TOURNEBISE, DRAAC Guadeloupe

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