Danse à Makal

Quand la danse (re)donne des ailes aux élèves Collège A. Macal à St François

Danse à Makal

Voilà un projet ambitieux et fertile mené dans cet établissement. Dirigé par Christine Top, professeur d’EPS, qui depuis de nombreuses années s’investit dans cet établissement pour développer ce dispositif où le corps est au cœur du projet et l’art perçu comme un véritable vecteur de réussite. « Le projet artistique et culturel est au service de la construction de l’identité de l’élève et de son épanouissement. Le défi reste de permettre à chacun de se connaître et se reconnaître, de s’apprivoiser et de se ré-apprivoiser, à travers le corps, à travers la danse, pour réveiller une estime de soi et mieux vivre avec l’autre. C’est un espace de construction collective, de création, d’écoute et de solidarité unis par la danse dans la diversité. »

C’est ainsi que 110 élèves, de la 6ème à la 3ème, participent lors de leur cours d’EPS à ce projet mêlant entre autre pratique, ateliers avec des intervenants extérieurs, et réflexion.

Le dispositif s’articule avec le travail de leur professeur de français, Julie Tricard, qui crée un pont entre l’écriture poétique étudiée vers les écritures gestuelles et vice-versa. Il s’agit d’engager les élèves par le corps et de créer un lien entre les gestes et les mots. En croisant les regards entre les arts, la danse, les écritures, l’élève prend conscience de son potentiel tout en soudant un collectif. L’individu est placé au cœur du collectif, où il prend sa place et s’y nourrit Cette dimension interdisciplinaire est capitale sur la réussite de ce genre de projet, où les élèves, en appui sur différents supports et différentes pédagogies, acquièrent non seulement de nouvelles connaissances mais également progressent dans la connaissance qu’ils ont d’eux-mêmes et des autres.

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Cette transdisciplinarité ouvre des passerelles, profitable autant à l’élève qu’à l’équipe. Les objectifs sont réétudiés tous les ans, notamment en fonction de la réaction des élèves et les orientations et questionnements des classes.

Delphine Cammal et Hubert Petit-Phar, danseurs et enseignants, de la compagnie « La Mangrove », participent à ce dispositif en proposant régulièrement des ateliers auprès de ces collégiens. Ils ont pour objectif de faire découvrir des univers artistiques méconnus des jeunes. Mais également de les faire travailler ensemble, de créer du collectif, dans une société qui souvent les éloigne. Ils proposent aussi un temps de performance pour présenter des extraits de création, puis échanger sur le ressenti et participer à la construction de leur discours et de leurs critiques.

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Soutenu et encouragé par la chef d’établissement, Mme Césarus-Dinah, ce projet ne cesse de se développer grâce à l’engagement des élèves et des professionnels. La principale se réjouit de ce programme qui a déjà fait ses preuves sur la prévention du décrochage scolaire et l’épanouissement des élèves. Ce collège connaît une grande hétérogénéité dans son public et cette mise à face avec l’Art engendre une véritable cohésion d’élèves, une bienveillance mutuelle, et une force collective. Et même un rapprochement certain des familles, en doute parfois avec l’institution. Les élèves prennent goût à l’acquisition de connaissances avec des chemins différents. Cela permet en outre d’aiguiser l’affirmation de soi, l’appropriation de valeurs nécessaires à la construction d’un futur citoyen équilibré et épanoui, la prise de conscience de son potentiel. Ce projet donne du sens aux apprentissages et aide les jeunes indéniablement à se raccrocher et se remotiver à leur scolarité et leur réussite.

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La danse, instruite de la sorte sur ce parcours de 4 ans pour les élèves engagés dans ce protocole, véhicule l’Art et s’affiche comme un médiateur puissant à la formation civique de nos jeunes. Sur l’ensemble du collège, les élèves abordent chaque année une orientation spécifique en appui sur des citations, elles-mêmes source de réflexion et d’analyses en classe. Voici celles retenues pour cette année :

6èmes : « l’obstination est le chemin de la réussite », C. Chaplin

5èmes : « un homme ne marche pas sur l’ombre de son voisin », proverbe chinois

4èmes : « le monde avec lenteur marche vers la sagesse », Voltaire

3èmes : « l’humanité marche à reculons vers l’avenir, les yeux tournés vers le passé », Ferrero

Il ressort un enthousiasme collectif de ce vaste projet, entraînant avec lui jeunes et adultes désireux de réussir pour soi et pour autrui. Il s’inscrit lui-même dans un projet plus large encore, « En chemin vers la danse », porté par l’association Correspon’Danse », qui réunit 21 établissements du 1er et 2nd degré du Nord Grande Terre. « L’enjeu de ce projet EAC (Éducation Artistique et Culturelle) est de démocratiser l’art en donnant un accès à la danse dans les établissements scolaires publics du territoire. C’est permettre aux enfants de rencontrer des artistes professionnels, de voir des spectacles de danse, et de bénéficier d’ateliers de pratique. Par la pratique du mouvement dansé, les élèves ont une approche différente des notions de respect, de bienveillance, d’écoute, de partage, de sérieux, de détermination, de courage, de tolérance. Elle favorise également la concentration, la curiosité, la créativité, l’imagination, et l’expression », nous précise Christine Top.

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Cette association « Correspon’Danse » a déjà permis de réaliser plus de 10 voyages en métropole sur les 20 années écoulées, avec l’accueil des jeunes du conservatoire. Les regards s’ouvrent, notre culture également. C’est un projet humain à tout point de vue, où chacun peut prendre sa place en s’y engageant.

Une autre grande satisfaction à ce projet est d’avoir contribué à la création d’un collectif professionnel, « Hédo », mise en place par 4 jeunes d’une vingtaine d’années, issus de St François et ayant reçu ce dispositif de danse dans leur scolarité. Michaël Top, un des fondateurs de « Hédo » nous confie qu’il est issu de ce dispositif reçu sur ses années au collège. Il y a vu une belle opportunité de professionnaliser son talent artistique, avec la volonté de continuer à transmettre cet art, en donnant une priorité à l’estime de soi, au vivre ensemble, pour que l’élève puisse se découvrir, se libérer, et s’assumer. Autant de valeurs indispensables aux futurs citoyens de ce monde !

Un projet d’envergure, en partenariat avec la DAAC du rectorat et la DAC Guadeloupe, qui souhaitons-le, continuera de briller et de voler encore longtemps.

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Article et photos : Caroline Tournebise, DAAC Guadeloupe

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