Faire danser les élèves sur la thématique du chlordécone, nouveau challenge réussi par la compagnie Difé Kako !
Une collaboration entre différents établissements scolaires et la compagnie de danse Difé Kako a permis à près de 300 élèves courant janvier de participer à des ateliers, en partenariat avec le service de la D.A.A.C du rectorat (Délégation Académique à l’éducation Artistique et à l’action Culturelle). Petits et grands ont eu la chance d’intégrer ce projet artistique et pédagogique, grâce à un travail en amont de cette compagnie et des enseignants volontaires inscrits à ce projet.
2 journées de formation ont été proposées aux enseignants toutes disciplines confondues et ont abouti à l’élaboration de différents ateliers proposés aux jeunes ainsi qu’un spectacle de restitution « Joséphine 2B », en référence à Joséphine Baker et Joséphine de Beauharnais.
La thématique centrale portait sur le chlordécone mais va bien plus loin, en questionnant également les élèves sur le rôle de la femme noire, de l’écologie, de l’esclavage, de la colonisation. Ce projet pluridisciplinaire a embarqué petits et grands dans une réflexion riche.
Depuis 1995 date de sa création, la compagnie Difé Kako s’inspire des cultures africaines et antillaises. Toujours à la recherche d’innovation et dans un souci de diversification artistique, cette compagnie de danse développe plusieurs concepts pédagogiques et chorégraphiques pour amener le public à la découverte de cette danse métissée.
Mme Bluteau Chloé, enseignante d’EPS au collège de Bois Rada à Sainte Rose s’exprime : « Les ateliers DIFE KAKO, c’est l’occasion pour les élèves d’expérimenter une motricité singulière avec une danseuse professionnelle : entrer dans la danse contemporaine en apprenant à mobiliser son corps sur des musiques et rythmes traditionnels ou d’inspiration hip hop. C’est aussi accepter le regard des autres, positionner son corps dans l’espace scénique, faire sa place parmi les autres danseurs. C’est surtout un formidable temps de cohésion de groupe et de partage d’émotions. Les apprentissages seront repris et approfondis lors du cycle de danse en EPS. La plupart de nos élèves n’avaient jamais assisté à un spectacle de danse, alors avoir l’opportunité de voir le spectacle JOSEPHINE 2 B au collège, c’est une chance inouïe ! »
La chef d’établissement de Bois Rada, Madame Chanlot, précise que les élèves participant au projet étaient déjà engagés dans un travail sur le développement durable. Elle remercie particulièrement les enseignants et les intervenants pour ce travail d’équipe offrant aux élèves une grande interaction et un support riche d’enseignements.
5 établissements au total ont eu l’honneur de côtoyer ces artistes, danseurs et musiciens professionnels, et d’être acteur dans ce projet pluridisciplinaire, artistique, culturel, et engagé :
3 classes de l’école élémentaire G. Lauriette de Trois Rivières
3 classes de l’école élémentaire A. Delacroix de Capesterre Belles Eaux
3 classes de l’école élémentaire F. Auguste de Goyave
3 classes du collège de Bois Rada de Sainte Rose
2 classes du LP L. Delgrès du Moule
La restitution sous forme de spectacle arrive en conclusion d’un réel travail interdisciplinaire où différentes problématiques ont été approfondies par les enseignants :
En Histoire/Géographie, les élèves ont tenté de comprendre l’histoire de l’esclavage et le rôle de Joséphine de Beauharnais dans le rétablissement de l’esclavage . Ils se sont également interrogés sur la place de la femme dans la société à travers la figure emblématique de Joséphine Baker. Ils ont également étudié les différences entre une agriculture intensive et la permaculture.
En Sciences de la Vie et de la Terre, ils ont analysé l’impact de l’utilisation du chlordécone sur l’agriculture aux Antilles avec une mise en évidence des solutions respectueuses de l’environnement et des hommes existantes en agriculture. Parallèlement, une étude du jardin créole a été menée.
En Arts Plastiques, ils ont réalisé un décor utilisé dans le cadre du spectacle.
Il ressort donc à l’unanimité la richesse de ce projet ! Les enfants comme les adultes se réjouissent de ces expériences et apprentissages partagés. Mme Mumio, CPE du LP. L. Delgrès au Moule nous fait part de sa grande satisfaction quant à la réussite de cette manifestation. Convaincue que ces outils artistiques et culturels sont des moyens essentiels pour faire passer des messages et des réflexions. En utilisant la danse comme support d’enseignements, les élèves s’enrichissent d’éléments culturels, historiques, et scientifiques, d’une manière complémentaire aux discours frontaux habituels. Elle précise même le rôle positif auprès d’élèves en difficulté. 9 élèves en classe ULIS ont vécu une réelle inclusion dans ce projet en même temps qu’ils ont pu pleinement se révéler.
Chantal Loïal, chorégraphe et danseuse de Difé Kako, met un point d’honneur au travail de sa compagnie. Depuis plus de 25 ans, son travail se veut militant, engagé, et polyvalent.La force de cette compagnie est de s’adapter à différents publics et milieux. Cette flexibilité permet de varier les interventions, avec une volonté permanente de transmission artistique et culturelle. Par le médium de la danse et de la musique, Chantal Loïal et sa compagnie œuvre pour le patrimoine et l’histoire, en dénonçant les injustices et en questionnant le collectif.
Ludivine Mirre, danseuse de Difé Kako, en binôme avec Julie Sicher elle aussi danseuse, se montre désireuse « d’apporter une ouverture d’esprit aux élèves sur la danse, sur moi-même, et sur les autres. Cela leur permet de se représenter en tant qu’individu et de développer un langage corporel, leur créativité en assumant le regard d’autrui. Ils retrouvent ou découvrent l’assurance, la confiance mais également la cohésion du groupe. C’est pour nous une richesse d’intervenir auprès de ce public scolaire »
Thierry Galand, le 3ème danseur, musicien, et amoureux du Ka, nous confie qu’il est « chanceux de partager ses connaissances avec les élèves ». 25 ans qu’il consacre sa vie au tambour entre autre, parce que « Tanbou sé Lanmou » .
Un projet riche et généreux, basé sur le partage et la transmission, auprès de nos jeunes curieux, réceptifs, et heureux de cette aventure.
Un grand bravo à tous les intervenants, aux élèves, aux équipes pédagogiques, et incontestablement à la compagnie Difé Kako.
Article et photos Caroline TOURNEBISE, DRAAC Guadeloupe